Selon une enquête (petite) réalisée par Ifop pour le Journal du Dimanche, 61% des 598 Parisiens interrogés se déclarent intéressés par Autolib’. 5% des sondés ont l’intention de louer une voiture en libre-service plusieurs fois par semaine, 13% quelques fois par mois, 28% quelques fois par an, et 15% une à deux fois par an. 39% ne sont pas intéressés. 1000 stations et 3000 voitures électriques seront disponibles. Un chiffre qui pourrait augmenter après l’ouverture du service : "Une montée en puissance est possible", a précisé Annick Lepetit. Le service fonctionnera 24h./24 et 7j./7. Sept cents stations seront installées à Paris (500 stations de 4 places et 200 stations de 10 places) et 300 stations seront disponibles sur des communes de banlieue. Comment recharger ? À Paris, par exemple, 4 000 bornes de recharge seront accessibles. Il faudra être titulaire du permis de conduire pour utiliser une Autolib’ et l’abonnement sera obligatoire. Les abonnés pourront déposer un véhicule dans une station différente de celle de départ (cela s’appelle la "trace directe"), réserver à l’avance (par téléphone mobile ou Internet) ou le prendre directement sur une borne. L’abonnement mensuel devrait être fixé entre 15 à 20 euros par mois. Puis, il faudra payer environ 5 euros par demi-heure d’utilisation.
PARLONS UN PEU GROS SOUS…
RECETTES ANNUELLES : 143 100 000 €
si, dès le début d’autolib, tout fonctionne à 65% comme le sondage IFOP l’a indiqué.
15 000 abonnés à 15 €/mois x 12 mois = 2 700 000 €
65% de 3000 autos x 20h x 10 € x 30 jrs x 12 mois = 140 400 000 €
DÉPENSES GLOBALES 1ère ANNÉE : 265 000 000 €
Afin d’assurer une permanence dans les stations : 24h/24, 7j/7, 365 jours par an, il faudra:
4 000 salariés x 2 500 € x 12 = 120 000 000 €
3 000 véhicules électriques à 15 000 € = 45 000 000 €
Coût estimé des stations : 50 000 € x 1 0000 = 50 000 000 €
(le mètre linéaire de ciment qui sépare les voies de bus à celles des autos avait coûté si ma mémoire
est bonne : 1 000 € !).
Le coût des 4 000 bornes de recharge est difficilement chiffrable pour le moment, mais il est
clair que ce ne sera pas gratuit !
Estimation : 5 000 € x 4 000 = 20 000 000 €
Inchiffrables pour le moment : la durée des batteries qui, comme tout le reste d’une automobile, s’use ; le coût de la recharge en électricité ; les pneumatiques, etc.
Ajoutez à cela : la maintenance, les immobilisations, les accidents, etc. Tous ces postes ne sont chiffrables qu’au coup par coup -ou coût par coût- (comme vous voulez). Mais il ne faudra pas les négliger, car qui dit trop d’immobilisations, dit perte de recettes !
Et puis, il y a les assurances ! Et dans ce genre de produit, étant donné qu’il y aura un nombre incalculable de conducteurs (trices) différents ; titulaires de permis plus ou moins récents, moins de 21 ans, peu de points sur le permis, etc ; abonnés qui ne conduisent plus depuis fort longtemps et qui vont profiter de ce système pour se refaire la main. Dans le meilleur des cas, une assurance « flotte » coûterait ± : 7,5 millions d’euros. En clair, une personne qui n’a pas conduit pendant plus d’un an est inapte à la conduite les 2 ou 3 premières heures de reprise. Je sais de quoi je parle : 12 ans moniteur d’auto-école dont 8 à Paris.
Même si toute cette affaire semble partir d’un bon sentiment « quoi qu’avec les politiques, je ne pense pas que se soit sans arrière pensée électorale », je vois mal -même s’il y a un bon coup à jouer- un constructeur généraliste cautionner cette opération commerciale, qui, à plus où moins long terme ferait chuter ses ventes de petites autos citadines aux parisiens et aux franciliens… Que des spécialistes du véhicule électrique comme Heuliez, F.A.M., Bolloré, etc. soient intéressés, c’est tout à fait légitime, c’est leur vrai « job », et puis il faut que tout le monde travail. À ce propos, puisque c’est là que je veux en venir, pour vous ce n’est pas bon ! ça ne vous gênera pas beaucoup aux heures de pointe, mais c’est vrai que dans la journée, c’est une autre affaire.
Pour ma part, je me vois mal présenter un dossier de ce genre à des banquiers, avec une perte de ± 120 millions d’euros dès la première année… C’est vrai qu’avec l’argent virtuel et aussi celui des con-tribuables on peut tout envisager. Toutes ces allégations quelque peu hypothétiques s’il en est, sont tout de même dans les tuyaux de la mairie de Paris…Donc, soyons très vigilants.
C. Thomas